Programme > Journée thematique

la journée thématique de la SOFAMEA 2024 est :

L'instrumentation du mouvement au cœur de la classification des fonctions et des maladies

elle se déroulera le jeudi 25 janvier 2024 avec les conférénces de

Pr Francois Hug

Décodage de l'activité de larges populations de motoneurones spinaux : vers une meilleure compréhension du contrôle du mouvement

Le motoneurone spinal constitue la voie commune finale du système neuromusculaire. Jusqu'à récemment, nous avions une capacité limitée à mesurer l'activité d'une grande population de motoneurones spinaux chez l’Homme. En conséquence, notre compréhension du contrôle nerveux du mouvement est principalement basée sur les informations obtenues à l'échelle supra-spinale ou musculaire.

Les récentes avancées méthodologiques permettent désormais d'identifier l'activité simultanée de dizaines d'unités motrices provenant de plusieurs muscles à l'aide de l'électromyographie haute densité (HDEMG). Au cours de cette conférence, nous présenterons :

• L’approche de décomposition des signaux EMG. 
• Les travaux récents supportant l’existence de synergies motoneuronales
• Des applications en termes de neuro-réhabilitation et d’interfaces cerveau(muscle)-machine

Pr Antoine Nordez

Etude des interactions muscle-tendon lors de l'analyse du mouvement humain

L’analyse du mouvement humain est souvent utilisée pour étudier le comportement des muscles, par exemple lors de la marche ou de la course. A partir des mesures d’angles articulaires et de modèles, il est en effet possible d’estimer les longueurs des ensembles muscle-tendon et donc d’inférer des modalités de contractions musculaires (i.e., concentrique, isométrique et excentrique). Cette conférence montrera les deux principales limites de ces estimations.

Tout d’abord, les modèles utilisés pour estimer les longueurs du système muscle-tendon présentent des limites importantes et une méthode sera présentée pour personnaliser un modèle et individualiser l’estimation de longueur.

Ensuite, nous verrons que les variations de longueurs des systèmes muscles-tendons ne correspondent pas aux modalités de contractions des fibres musculaires. Au cours des vingts dernières années, l’échographie en temps réel a permis de faire considérablement évoluer notre compréhension du rôle des structures tendineuses et de leurs interactions dynamiques avec les fibres musculaires. Une synthèse de ces travaux sera présentée, avec un focus particulier sur certaines études réalisées dans notre laboratoire. Dans ce domaine, les études réalisées avec des patients restent très rares, ce qui ouvre un champ de recherche important pour mieux comprendre les troubles du mouvement dans de nombreuses situations cliniques.

Dr Caroline Stewart

Mesurer les déficiences par l'analyse biomécanique de la marche

L'analyse de la marche s'est imposée dans les milieux cliniques spécialisés dans la seconde moitié du 20e siècle. Au début, les principaux partisans étaient ceux qui prenaient en charge des enfants atteints de paralysie cérébrale. Ils ont mis en évidence la puissance de l'analyse de la marche pour aider les cliniciens à produire des packages chirurgicaux sur mesure pour les enfants, sous l'appellation « Chirurgie Multisites ». Une fois établie, d'autres cliniciens, prenant en charge différents groupes de patients, ont rapidement vu le potentiel de la technologie pour cibler leurs interventions.

Les cliniciens espèrent toujours influencer positivement tous les domaines de la CIF (Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé), cependant, lorsqu'ils prennent un scalpel, décident d'un régime d'étirement, appliquent une stimulation électrique ou injectent des neurotoxines, les cliniciens ciblent des déficiences spécifiques dans les structures et les fonctions du corps. Il est donc important de savoir comment ces déficiences sont déduites des données d'analyse de la marche clinique.

Heureusement, l'analyse de la marche clinique fournit aux cliniciens un ensemble de données riche et détaillé, généralement présenté sous forme de graphiques. Il est relativement simple d'identifier sur ces graphiques les tracés qui diffèrent des valeurs normales. Malheureusement, le processus de liaison de ces caractéristiques à des déficiences sous-jacentes spécifiques, les cibles potentielles pour l'intervention, est moins direct.

Cette conférence décrira le processus d’identification des déficiences dans le laboratoire d'analyse de la marche ORLAU (Oswestry, Royaume-Uni), où les approches ont été façonnées par 30 ans d'expérience clinique dans l'analyse d'adultes et d'enfants. Différents défis seront explorés, y compris la compréhension des mouvements compensatoires et le role des muscles biarticulaires. Nous aborderons l’interprétation des données dynamiques, plus difficile à s’approprier. La conférence s’appuiera l’analyse des enfants atteints de paralysie cérébrale mais aussi d’adultes équipés de membres prothétiques

Pr Andrea Cereatti

Mobilité réelle à l'aide de capteurs portables : où en est la technologie ?

La mobilité joue un rôle crucial dans la détermination du statut fonctionnel et du bien-être global d'un individu. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un modèle complet du fonctionnement et du handicap devrait intégrer une analyse quantitative de la mobilité d'un individu dans son contexte écologique propre, tout en tenant compte de l'influence des facteurs sociaux et personnels.

Les capteurs corporels miniaturisés offrent un potentiel révolutionnaire pour l'évaluation de la mobilité. Ils peuvent fournir des données numériques spatio-temporelles précieuses sur la mobilité, cliniquement pertinentes, couvrant un large éventail de troubles de la marche.

Cependant, décrire la démarche d'un individu dans des conditions réelles reste un défi majeur en raison de la complexité accrue de la marche naturelle, des éventuelles perturbations et de la présence de divers facteurs susceptibles de biaiser l'analyse. De plus, la technologie elle-même présente des limitations intrinsèques, et il manque une standardisation des données et une validation robuste dans les populations présentant des troubles de la mobilité. Ces éléments ont jusqu'à présent freiné la transition de la recherche en laboratoire vers des applications pratiques.

Cette conférence abordera les défis techniques, les leçons apprises et les dernières solutions pour l'évaluation numérique de la mobilité dans des conditions réelles.

Dr Samuel Pouplin 

L’optimisation de la participation des personnes en situation de handicap grâce aux technologies.

La Classification Internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé (CIF), élaborée par l’Organisation Mondiale de la Santé, propose un langage uniformisé et un cadre pour la description des informations relatives au handicap. La CIF propose une vision différente de celle d’une approche linéaire telle une déficience entrainant un handicap. En effet, la CIF met en avant une interaction dynamique entre les problèmes de santé, les activités, les facteurs personnels et environnementaux et la participation. Ces différents éléments entrainant à différents niveaux une éventuelle création d’une situation de handicap.

L’intégration de cette classification dans notre expertise clinique et nos travaux de recherche nous amène un nouveau regard, personne centrée, au sein de son environnement dédié. Néanmoins, il ne s’agit pas seulement de réfléchir à des évaluations écologiques mais d’intégrer les besoins et le regard de la personne elle-même, au sein de ces évaluations puisque l’objectif final est bien d’améliorer sa participation.

Ce propos sera illustré par des données d’un projet de recherche ESALERT mené par notre équipe de recherche en lien avec un industriel (Texisense) sur l’utilisation d’une nappe de pression positionnée sur l’assise d’un fauteuil roulant permettant ainsi de visionner les surpressions au niveau du bassin lors des activités de vie quotidienne des usagers.

La journée sera conclue par une table ronde coordonnée par Pr Elke Viehweger